Controverse sur l’achat du F-35 : accusations de processus opaque et coûts excessifs

Une procédure d’acquisition critiquée pour son manque de transparence

Dans son ouvrage, Pierre-Alain Fridez remet en question la légitimité de la méthode d’achat du F-35, qualifiée de « la plus méticuleusement organisée que l’on puisse envisager ». Membre de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national, le parlementaire socialiste affirme que certains acteurs avaient dès le départ favorisé l’achat de cet avion, orchestrant ainsi un contexte qui aurait contraint le Conseil fédéral à prendre cette décision.

Une sélection de matériel opaque et potentiellement biaisée

Un manque d’accès à certains documents clés

Pierre-Alain Fridez souligne que certains membres de la commission n’ont pas eu accès à l’ensemble des documents relatifs à la procédure. Il évoque la présence d’une grille d’évaluation confidentielle, comportant 79 critères, préparée dans le secret, qui aurait été utilisée pour sélectionner l’avion de combat. Selon lui, ces critères ne seraient pas connus des parlementaires, ce qui soulève des questions sur la transparence de l’évaluation.

Des évaluations spécifiquement orientées

Il affirme par ailleurs que des missions d’évaluation ont été volontairement conçues pour favoriser le F-35 plutôt que d’évaluer objectivement toutes les options. Parmi celles-ci figurent des scénarios d’utilisation peu représentatifs, comme la simulation de bombardements d’aérodromes en République tchèque ou de bunkers en Autriche.

Des coûts artificiellement réduits et une décision contestée

L’élu jurassien explique qu’une stratégie a permis de réduire artificiellement le coût du F-35. Une diminution de 20% des heures de vol a été appliquée exclusivement à cet appareil, créant ainsi un écart d’environ 2 milliards de francs par rapport à ses concurrents. Ce calcul a été utilisé pour renforcer l’argument en faveur de son acquisition, tout en occultant d’éventuels défauts ou coûts futurs liés à cet avion.

Une hausse significative des coûts anticipés, selon la Cour des comptes

Récemment, la Cour des comptes américaine a révélé que le coût des mises à jour logicielles et matérielles du F-35 pourrait dépasser de 6 milliards de dollars le budget initial. Ces opérations, qui seront aussi retardées, étaient déjà connues depuis 2016. Pierre-Alain Fridez critique le fait que la réalité des coûts n’ait pas été suffisamment prise en compte lors du processus d’acquisition, qualifiant cela de cadeau fait à l’avion américain.

Appel à une réévaluation et à une nouvelle stratégie d’achat

En recommandant l’ouverture d’une nouvelle procédure, l’élu prône un renouvellement de l’évaluation des options pour l’armée suisse. Il envisage notamment le recours à des avions comme le Rafale français ou le Gripen suédois, jugés plus adaptés aux besoins spécifiques du pays. En attendant, il suggère également la location d’avions ou de jets d’entraînement étrangers afin de répondre provisoirement aux exigences opérationnelles.

Propos recueillis par Pietro Bugnon/gma

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