Procès des Frères de Genève : la défense remet en question la qualification en organisation terroriste
Le procès des Frères de Genève se déroule devant le Tribunal pénal fédéral, après que la procureure fédérale a requis une peine de neuf ans la veille. Me Kastriot Lubishtani a demandé l’acquittement des chefs de participation et de soutien à une organisation terroriste, estimant que Faute de mieux, le Parquet vous a raconté une histoire, une histoire sans consistance.
Des arguments centraux de la défense
Selon l’avocat, ni les Frères de Viti ni leur antenne genevoise ne présentent les critères d’une organisation terroriste : pas de structure hiérarchique, chacun agit selon ses propres choix, pas d’organisation formelle, pas de sanction, pas d’entraînement, pas d’acte de violence, pas d’activité opérationnelle.
UNE UTOPIE
Les Frères, à Genève comme à Viti, ont été attirés par le groupe djihadiste État islamique (EI) durant son essor, mais ils ne croyaient pas à une prise de pouvoir par la force dans une région du Kosovo, qu’ils jugeaient irréaliste. Ils ont juste cru pour un moment à une utopie.
L’avocat a comparé l’attrait exercé par l’EI sur des milliers de volontaires étrangers à la guerre civile espagnole et aux Brigades internationales. L’émir aurait sympathisé un temps avec cette cause puis il s’en serait distancé. Son adhésion était purement intellectuelle.
La question de la corruption d’un procureur au Kosovo a également été contestée. Selon Me Lubishtani, l’acte d’accusation sur ce point est flou et ne tient pas la route. Le magistrat n’aurait pas été compétent pour requérir une peine, même s’il avait été financé par les fonds récoltés par les Frères de Genève.
UNE IMAGE “SOMBRE MAIS ERRONÉE”
Me Julien Gafner, avocat du second prévenu, insiste sur la nécessité de comprendre le chemin qui mène à la radicalisation. Il décrit un homme influençable, en quête d’appartenance.
Selon lui, les Frères de Genève formaient surtout un groupe de copains, discutant de religion à la terrasse d’un bistrot ou regardant un match, avec des idées condamnables mais sans intention criminelle; le même constat s’applique à leurs compagnons de route au Kosovo.
Pas de projet violent
Le prévenu aurait une compréhension limitée des idéologies religieuses associées au groupe. En cachotant quelques armes avec son coaccusé et leurs amis kosovars, ils n’auraient pas d’autre objectif que de se prémunir face à une éventuelle agression de la Serbie.
Comme son confrère ce matin, Me Gafner estime que les conditions d’existence d’une organisation terroriste n’étaient pas réunies. Ecouter des chants de l’État islamique en famille est hautement critiquable mais ne suffit pas à établir des actes de propagande; une condamnation pour représentation de la violence reste envisageable. Concernant les fraudes aux assurances sociales, l’accusé aurait commencé à rembourser les lésés.
Pour Me Julien Gafner, l’accusation s’est « réduite comme peau de chagrin » et il faut tenir compte de la prise de conscience de son client. Une peine maximale de 24 mois avec sursis, ou 36 mois avec sursis partiel, est demandée.