Liens présumés entre le rap français et des organisations criminelles : révélations d’un livre d’enquête

Des faits marquants et les révélations du livre Empire

Ces dernières années, la scène du rap français a été marquée par des faits divers violents. L’un des épisodes les plus médiatisés remonte à août 2024, lorsqu’un proche du rappeur SCH a été tué à La Grande-Motte, après une sortie d’une discothèque. Le livre Empire: Enquête au cœur du rap français, publié par Flammarion, associe ce drame à la DZ Mafia, l’une des principales organisations criminelles de Marseille, qui serait liée à une branche dédiée au rap, à l’organisation de concerts et à l’extorsion de rappeurs.

Des révélations éclairées par les auteurs

Selon le co-auteur Joan Tilouine, l’enquête révèle l’existence d’une structure interne à la DZ Mafia, avec une activité axée sur le milieu musical et les événements live. Il explique que le contexte financier du rap actuel attire des organisations criminelles, au point que beaucoup d’artistes craignent d’enregistrer et que la créativité pourrait être menacée.

Économie et pouvoir dans le rap

Autre axe majeur du livre: lorsque le rap s’est imposé comme un phénomène économique, les dynamiques ont évolué. Le journaliste du Monde rappelle qu’il y avait autrefois une économie très différente et qu’il n’y avait pas de streaming. Aujourd’hui, on parle de millions, voire de milliards d’écoutes, ce qui s’accompagne d’une quête de pouvoir dans le secteur.

On rappelle aussi une phrase fréquemment citée dans le milieu: « les vrais voyous, ce ne sont pas les rappeurs », attribuée à des professionnels du secteur et évoquée par Tilouine.

L’ascension d’un empire musical

En deux ans d’enquête et de centaines d’entretiens, les auteurs décrivent le rap comme un véritable empire qui domine le premier marché culturel français et francophone. Le livre évoque des chiffres impressionnants pour certains artistes, avec des avances évoquées comme mirobolantes et, pour quelques albums, des montants atteignant 15 millions d’euros. Toutefois, cette prospérité attire des interlocuteurs peu recommandables, des bandes criminelles ou des figures du narco-banditisme qui s’immiscent dans les contrats et pratiquent l’extorsion.

Exemple: Jul, trajectoire et tensions

Le parcours de Jul, figure marseillaise au succès fulgurant, illustre ces mécanismes. Pour percer, il a dû s’appuyer sur des investisseurs informels, parfois liés à des réseaux illicites, afin de financer ses débuts. Une fois le succès acquis, des tensions apparaissent: les artistes estiment ne pas percevoir suffisamment de retours et cherchent à s’affranchir de certains soutiens qui les protégeaient autrefois. Des cadres de maisons de disques ont été placés sous protection policière et certains rappeurs ont dû s’exiler pour se mettre à l’abri des menaces.

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