Stimulation du nerf vague : usages cliniques avérés et limites face aux promesses des réseaux sociaux

Le nerf vague, clé du système parasympathique

La stimulation du nerf vague est aujourd’hui au centre de nombreuses discussions, notamment sur les réseaux sociaux, où plusieurs pratiques sont présentées comme susceptibles d’activer ce nerf. Parmi elles figurent des exercices de respiration, des massages des oreilles, des fredonnements, des gargarismes et même un bain de glace pour le visage. Ces suggestions promettent relaxation, paix intérieure et amélioration de la santé, mais les preuves scientifiques demeurent variables.

Rôles et particularités du nerf vague

Le nerf vague est le principal nerf du système nerveux parasympathique, associé notamment à la régénération, au repos et à la digestion. Il est considéré comme le plus long nerf crânien: il prend origine au niveau du tronc cérébral, longe le cou et se ramifie largement jusqu’au-delà des organes internes. La majorité de ses fibres (environ 80 %) transmettent l’information des organes vers le cerveau.

Histoire clinique et domaines explorés

Sur le plan médical, la stimulation du nerf vague remonte aux années 1990: elle a été approuvée pour le traitement de l’épilepsie pharmacorésistante, et un effet secondaire observé lors de cette utilisation était une amélioration de l’humeur. À partir des années 2000, elle est également employée dans le traitement de la dépression. Les recherches actuelles explorent par ailleurs d’autres indications potentielles, parmi lesquelles les migraines, la démence, les séquelles du COVID long et l’obésité, entre autres.

Cas pratique en Suisse et avis professionnel

En Suisse, la stimulation du nerf vague est employée pour traiter l’épilepsie. À l’Inselspital de Berne, la neurologue Cécilia Friedrichs-Maeder réalise une stimulation cervicale à l’aide d’un implant, une méthode plus invasive que les pratiques souvent relayées par des influenceurs en ligne.

Sur les promesses véhiculées sur les réseaux sociaux, elle adopte une posture mesurée. Selon elle, certaines techniques respiratoires peuvent en effet stimuler le nerf vague, mais l’efficacité dépend largement de la durée et des bénéfices à long terme restent incertains. De plus, la stimulation médicale par implant peut provoquer des effets secondaires en début de traitement (enrouement, essoufflement, voire apnée du sommeil), ce qui nécessite une période d’adaptation.

Durée, résultats et encadrement

Pour traiter ses patient·e·s, la neurologue indique pratiquer une stimulation continue du nerf vague, jour et nuit. Malgré cette approche soutenue, les résultats ne sont pas révolutionnaires et les effets apparaissent après plusieurs mois; un arrêt de la stimulation peut faire disparaître les bénéfices obtenus.

Elle rappelle également que les dispositifs commerciaux présentés comme thérapeutiques ne disposent pas d’une homologation officielle à ce jour. Pour limiter les risques, elle conseille de privilégier les produits certifiés (certification C) afin de garantir un niveau de sécurité minimal. À court terme, prendre du temps pour soi peut aider à réduire le stress, même sans équipement spécifique; certains trouvent des effets similaires en se promenant à l’extérieur.

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