Letzigrund de Zurich : cent ans d’émotions, de sport et de culture

Letzigrund, cent ans d’émotions au cœur de Zurich

Depuis 1928, le Letzigrund est la scène du Weltklasse, l’un des meetings d’athlétisme les plus prestigieux au monde. En près d’un siècle, cet événement y a vu se écrire 27 records du monde.

Parmi les moments marquants figure le record d’Armin Hary, premier homme à courir le 100 mètres en moins de dix secondes, réalisé en 1960 au Letzigrund. En 2006, Asafa Powell y a établi un nouveau record en 9,77 secondes lors du dernier Weltklasse disputé dans l’ancien stade. Les Championnats d’Europe d’athlétisme en 2014 y ont aussi laissé leur empreinte.

UN STADE, DEUX CLUBS, ET UNE RIVALITÉ HISTORIQUE

Le Letzigrund n’est pas seulement un temple de l’athlétisme; c’est aussi le théâtre des passions du football zurichois. Inauguré le 22 novembre 1925 lors d’un derby entre le FC Zurich et les Grasshoppers, ce match s’est soldé par un nul 2-2.

Si le stade est historiquement lié au FC Zurich, il accueille aussi les Grasshoppers depuis 2007, après la fermeture de leur Hardturm.

Parmi les grandes figures associées au stade, Köbi Kuhn est une référence, joueur emblématique devenu ensuite sélectionneur de l’équipe nationale suisse. Des images d’entraînement du FC Zurich en 1968 montrent le joueur jonglant avec le ballon sur la pelouse du Letzigrund.

MARADONA, LE VRAI… ET LE TAUREAU

En 1989, Diego Maradona foule la pelouse du Letzigrund lors d’un match entre Naples et le FC Wettingen, en Coupe UEFA, le 17 octobre 1989.

Dix ans plus tard, un taureau baptisé Maradona, mascotte du FC Zurich, s’échappe lors d’une présentation au public et provoque une panique dans les tribunes. L’animal termine sa carrière dans une maison de retraite pour chevaux dans le Jura.

UNE RECONSTRUCTION POUR ENTRER DANS LE XXIe SIÈCLE

L’ancien Letzigrund est démoli en 2007 pour laisser place à un stade moderne, conçu pour accueillir aussi bien des compétitions sportives que de grands concerts.

Cette transition s’est faite dans l’émotion: des fans ont arraché des sièges, récupéré des morceaux de piste et certains ont même donné des coups de pioche dans les tribunes du virage sud, désormais quartier général des supporters du FC Zurich.

Selon le directeur du stade, l’ancien stade, construit il y a cent ans, se trouvait à l’extérieur de la ville, dans une commune qui n’appartenait pas encore à Zurich. Du jour au lendemain, le stade s’est retrouvé en plein centre-ville, ce qui complique la vie à bien des égards.

UN ÉQUILIBRE DÉLICAT EN PLEINE VILLE

Aujourd’hui, la localisation centrale du Letzigrund représente un défi: lorsque 50 000 spectateurs viennent assister à un match, les transports en commun, les routes et les chemins environnants s’animent, et les voisins aspirent parfois à la tranquillité. Il faut donc trouver un consensus pour préserver l’harmonie urbaine.

La configuration du stade, avec une piste d’athlétisme qui éloigne les tribunes du terrain, est régulièrement critiquée par les supporters de football, qui plaisantent en disant qu’il faut des jumelles pour suivre les matchs.

UNE SCÈNE MUSICALE DE PREMIER PLAN

Le Letzigrund est l’une des plus grandes scènes de concerts en Suisse. Des artistes internationaux s’y sont produits: les Rolling Stones, Tina Turner, Bruce Springsteen, Bon Jovi, Ed Sheeran, U2, les Toten Hosen, Taylor Swift et bien d’autres.

Cependant, le directeur rappelle qu’un des concerts les plus complexes a été celui de Taylor Swift, en raison du large entourage et des exigences logistiques associées.

UN STADE POLYVALENT, AUX CONTRAINTES MULTIPLES

Cette polyvalence entre sport et culture suppose une organisation millimétrée: calendrier des matchs de football, tournées internationales et contrats conclus avec les organisateurs de concerts, souvent signés à long terme, compliquant le respect des agendas.

UN AVENIR EN QUESTION

Malgré son centenaire, le Letzigrund demeure au cœur des débats sur son avenir. Les discussions autour d’un nouveau stade de football à Zurich, notamment sur le site du Hardturm, n’ont pas abouti et le dossier est aujourd’hui entre les mains de la justice. Le directeur rappelle que c’est un sujet politique et complexe, tout en évoquant le potentiel de l’avenir du Letzi grâce à l’essor du football féminin, qui pourrait accompagner une éventuelle réorganisation urbaine.

A 100 ans, le Letzigrund demeure le cœur battant du sport et de la culture zurichois.

Par Valentin Jordil

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