Nobel de littérature attribué au romancier hongrois Laszlo Krasznahorkai

Nobel de littérature attribué au romancier hongrois Laszlo Krasznahorkai

Le romancier hongrois Laszlo Krasznahorkai, âgé de 71 ans, reçoit le prix Nobel de littérature. Son style exigeant et son univers, souvent marqués par la mélancolie et l’ombre d’une apocalypse, caractérisent une œuvre largement saluée sur la scène internationale. Son traducteur anglais, George Szirtes, a évoqué une écriture capable de captiver le lecteur et de résonner avec le monde décrit dans l œuvre.

Origines, réception et contexte

Né le 5 janvier 1954 à Gyula, dans le sud‑est de la Hongrie, Krasznahorkai est largement lu en Allemagne comme en Hongrie, où il est considéré comme l’un des écrivains vivants les plus importants. Son nom a été évoqué dans maintes analyses critiques avant l’attribution du prix. Il devient le deuxième Hongrois à recevoir le Nobel de littérature après Imre Kertész, lauréat en 2002 et décédé en 2016.

Une œuvre marquée par l’épique et l’excès

Selon l’Académie suédoise, Krasznahorkai incarne une épique de l’Europe centrale, avec des influences allant de Kafka à Thomas Bernhard. Son œuvre associe absurdisme et excès grotesque, tout en s’ouvrant à des tonalités contemplatives lorsqu’il explore des horizons orientaux. Le style est réputé difficile et exigeant, notamment par ses phrases longues et ses rares ruptures de paragraphe, ce qui a conduit certains critiques à parler d’obsessionnalité. L’auteur précise que sa démarche consiste à examiner la réalité jusqu’à la folie.

Satantango et les incursions cinématographiques

Satantango, publié en 1985, est l’œuvre qui l’impose en Hongrie et demeure son titre le plus célèbre. Le roman décrit la vie dans un village en déliquescence sous le régime communiste et se déploie en douze chapitres, chacun rédigé en un seul paragraphe. George Szirtes l’évoque comme une lente coulée de lave narrative. Cette œuvre a été adaptée au cinéma par Bela Tarr en 1994 dans une version de plus de sept heures.

Le même réalisateur a aussi porté à l’écran une autre création de Krasznahorkai, La Mélancolie de la résistance, publiée en 1989, qui a donné lieu au film Werckmeister Harmonies sorti en 2000.

Perceptions critiques et distinctions

Souvent présenté comme le maître hongrois contemporain de l’apocalypse, Krasznahorkai est associé à des comparaisons majeures par la critique internationale. Susan Sontag, essayiste américaine, l’a présenté comme une figure marquante, évoquant des affinités avec Gogol et Melville et le plaçant dans une filiation qui inclut Beckett et Dostoïevski. Son roman Guerre et guerre, publié en 1999, a été qualifié par James Wood, critique au New Yorker, d’une des expériences de lecture les plus troublantes qu’il ait vécu.

En 2015, Krasznahorkai remporte le prix Man Booker International pour l’ensemble de son œuvre, premier auteur hongrois à recevoir cette récompense. Il a cité Kafka, Jimi Hendrix et Kyoto comme sources d’inspiration. Interrogé sur les images apocalyptiques qui jalonnent son œuvre, il a laissé entendre qu’il écrit peut-être pour des lecteurs en quête de la beauté de l’enfer.

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