Revues satiriques en Suisse romande : humour, tradition et renouveau
Origines et essor des revues satiriques en Suisse romande
Les revues satiriques prennent leur envol au XVIIIe siècle en France et s’épanouissent ensuite dans les petits cafés-concerts, les bars et les arrière-salles, avant d’emprunter le chemin du music-hall. Souvent associées à l’opérette, elles intègrent des numéros dansés et des éléments de cabaret. Leur expansion se poursuit jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, puis se ralentit dans de nombreuses régions, à l’exception de la Belgique, du Portugal et de la Suisse. En Suisse romande, ce genre de spectacle conserve une place notable et bénéficie d’un public fidèle.
Des raisons qui motivent les artistes à choisir la revue
Pour l’acteur Jean-Luc Barbezat, coproducteur et metteur en scène de la revue vaudoise, l’esprit collectif est au cœur du modèle. Après une longue collaboration avec l’humoriste Benjamin Cuche, il a rapidement exprimé le désir de diversifier les collaborations et de proposer des spectacles plus complets. Il rappelle qu’il n’existe pas de formation unique pour les humoristes et que les revues offrent un cadre d’apprentissage mutuel. Il se dit heureux de travailler avec de jeunes talents qui apportent de nouvelles techniques, visions et approches, et il décrit les revues comme des créations collectives.
Un regard sur la mise en scène et la relation au public
Le nouveau metteur en scène de la revue genevoise souligne que l’objectif est de réunir le public autour du rire. Face à une actualité souvent lourde, la dimension musicale et le recours au second degré favorisent un rire collectif plutôt qu’un sentiment de tristesse. La revue vaudoise se joue dans un Magic Mirror à Territet, sous un chapiteau en bois et toile évoquant une salle de bal des années folles, où le public entoure les comédiens et où les décors restent minimalistes. À Genève, la production se déploie dans une salle comme le Casino Théâtre, avec danseuses, éléments de music-hall et décors plus spectaculaires.
Adaptation au lieu et à l’actualité
Les artistes expliquent que les revues s’adaptent systématiquement au lieu et au public pour lesquels elles sont prévues. Elles cherchent à répondre à des attentes tout en apportant une modernité et en évitant de rester bloquées dans le passé. Cette approche mêle comédie musicale, chants et danses, avec des décors qui restent impressionnants, et est perçue comme particulièrement adaptée dans des villes où passent fréquemment de grandes productions en tournée.
Rire universel et liberté créative
Les humoristes cherchent à préserver un échange avec le public après les spectacles, privilégiant le dialogue et évitant les attaques personnelles. La forme de la pièce s’adapte à la manière dont les artistes expriment leur propos et au monde actuel. Il existe une nuance entre rire avec quelqu’un et rire de quelqu’un; certaines soirées abordent l’actualité et les questions sociétales, parfois sans porter une dimension politique prépondérante.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert. Adaptation web réalisée par mh.
Programmation et lieux en Suisse romande
En Suisse romande, plusieurs revues sont programmées jusqu’à la fin de l’année 2025 et au-delà, avec des représentations dans des villes comme Genève et le canton de Vaud, ainsi que d’autres régions. Ainsi, la revue genevoise est présentée au Casino Théâtre de Genève jusqu’au 31 décembre 2025, tandis que la revue vaudoise se poursuit au Port de Territet jusqu’à la même date. D’autres spectacles se déploient aussi en Fribourg, Jura, Neuchâtel et Valais: la revue fribourgeoise se joue au Théâtre de la Tuffière, Corpataux, du 7 novembre au 11 décembre 2025; la revue jurassienne est programmée au Théâtre du Jura, Delémont, les 16, 17 et 18 octobre 2025; la revue neuchâteloise est prévue à l’auditoire de Vigner, Saint-Blaise, du 15 janvier au 22 février 2026, puis à Notre-Dame de la Paix à La Chaux-de-Fonds du 4 au 8 mars 2026; enfin, la revue valaisanne est annoncée au Pôle musique de Sion, du 12 novembre au 19 décembre 2025.